dimanche 28 novembre 2010

Sail Away Summertime



C'est souvent de manière imprévue et un peu déplacée que le pincement surgit au coeur, pied de nez titanesque à un dimanche après midi tordu, froid et insidieusement humide. Il y a un endroit pour la douce récompense d'une longue journée avançant au ralentie, discret et bien gardé, frontalier des harmonies qui réchauffent et qui n'ont plus grand chose à prouver (Beatles, Beach Boys), au croisement de quelques rayons de soleil mirifiques et rassurants, situés dans les cordes vocales suspendues (vibrations lumineuses) et le coeur langoureux (pulsations réanimatrices) des Postmen.

Trois amis et une amie suisse genevois, tirant la veste vers les influentes années soixante-soixante-dix avec dans le beau panier Beatles, Dylan, Leon Russell, Crosby Still and Nash (d'autres influences sont étrangement citées sur leur site), réappropriées entièrement le temps d'une pause déjeuner au mac-donald du coin, et rechargant miraculeusement le Sunny Afternoon des Kinks. Les Postmen ne réalisent probablement pas la performance de l'année, mais personne ne leur a demandé et c'est parfait comme cela. Le moment est éblouissant et offre, à la lumière des quelques rayons de soleil traversant la zone de jeu des amis (en bonne santé) de Ronald, quatre personnages tous magnifiques et illuminés. Louise est même montée avec son violoncelle, l'un est à la guitare, l'autre tape, le dernier lead à la voix. Les quatre chantent terriblement bien, et la sensation que quelque chose de somptueux est en train de naître. Capturé par la caméra des bim-bam-boum (le travail est remarquable sur cette vidéo, les autres 'attentats sonores' ne justifient pas forcément ce terme un peu trop valise-facile), et tenant en équilibre sur un fil de manière tellement simple et évidente, le moment en est sublimé : harmonies chaudes et chaleureuses, une complicité limpide à l'épreuve de toute morosité glaciale. Les yeux se croisent, et les coeurs fondent, quelques notes jouées de travers et un sourire amusé, détendu et toujours concentré de Louise, un rire furtif et nerveux de Julien perdant le fil - un court moment d'évasion, peut être un rayon de soleil de trop dans les yeux, les autres continuent sans faille, apaisés.

Ils pourraient être partout à la fois et sont hors du temps (la lumière n'indique pas précisemment le moment de la journée), on aimerait vraiment pourvoir grimper les rejoindre, se nicher à l'abri du vent et se réchauffer pendant encore un long moment (la manageuse du mac-donald peut allez se faire voir cette fois-ci) au son de leur voix. C'est finalement tout ce qu'on prendra d'eux, cette après-midi de lumière et d'étincelles. "All I've got's this sunny afternoon".